Syndicat Mixte de l'Abattage en Corse



CORSE MATIN : Porto-Vecchio : le projet d'abattoir officiellement sur les rails



CORSE MATIN : Porto-Vecchio : le projet d'abattoir officiellement sur les rails

Par Sandrine Ordan sordan@corsematin.com


 

Le nouvel outil, qui pourrait sortir de terre en 2028, devrait permettre d'accueillir aussi les éleveurs porcins. Un financement à 80 % a été acté par l'État via le PTIC pour un projet qui sera finalement porté par la Collectivité de Corse.

Un nouvel abattoir en 2028 ? C'est le scénario qui se profile désormais de manière officielle : "Le foncier est mis à disposition par la commune de Porto-Vecchio , le financement à 80 % est acquis grâce à l'État via le PTIC, et c'est ce qui a permis à la Collectivité de Corse de se positionner comme maître d'ouvrage et donc de porter le projet de ce futur abattoir", ont détaillé hier de concert le président du Smac, Paul-Jo Caïtucoli, le président de l'intercommunalité Sud Corse, Jean-Christophe Angelini, le président de l'Odarc, Dominique Livrelli, accompagnés des différents acteurs du projet.

 

"S'ouvrir aux porcins"

Il faut dire que l'abattoir - "le premier de Corse, en 1984, que l'on doit notamment aux regrettés Denis de Rocca Serra et Jean-Paul de Rocca Serra" - n'est plus adapté, même si "189 000 € y ont été investis en 2021, notamment pour la sécurité et l'hygiène, afin de conserver un site aux normes, qui a traité 317 tonnes équivalent carcasse en 2023. Mais un nouvel outil est indispensable pour continuer à accueillir les éleveurs bovins et ovins-caprins, mais aussi s'ouvrir aux porcins", développe Paul-Jo Caïtucoli.
Ces derniers, pour le moment, doivent se rendre dans les autres abattoirs de l'île - Ponte Leccia et Cuttoli en majorité, mais aussi Cozzano - pour tuer leurs bêtes, ce qui suppose des temps de route "très longs, contraignants et énergivores, sans compter le stress pour les animaux", explique un éleveur.

Demande de levée de l'abattage en altitude

La difficulté à lever à ce niveau ne vient pas de l'abattoir lui-même, mais plutôt du cahier des charges de l'AOP charcuterie, "que nous sommes en train de réviser, fait remarquer Philippe Vincensini, président de l'AOP. Une vingtaine de points sont en réécriture, dont celui qui fait référence à la notion d'altitude minimum de 80 mètres pour abattre. Si ce point est levé, et nous pensons que l'Inao pourrait nous suivre surtout si nous avons le soutien de l'État, l'abattoir de Porto-Vecchio pourra tout à fait accueillir la trentaine d'éleveurs porcins répartis entre le sud et l'Alta Rocca, qui ont besoin d'avoir un abattoir près de chez eux."

"Un atelier de découpe pourrait être un ajout intéressant"

Ce que souhaitent aussi certains éleveurs porcins de la Plaine qui viennent "assez naturellement à Porto-Vecchio, même si pour nous, Ponte Leccia n'est pas trop loin".
Des propos qui rejoignent celui d'Étienne Cesari, président de l'association des éleveurs de l'Extrême-Sud, et administrateur du Smac, qui met en avant "des éleveurs venus du Sartenais, de l'Alta Rocca et de la Plaine, en plus du Sud, et cela en parallèle d'un bassin de commercialisation important. En ce sens, un atelier de découpe pourrait être un ajout intéressant au futur abattoir dans quelques années."
Le nouvel outil devra donc aller dans le sens "d'une dynamique de territoire pour un développement agricole de production. Nous avons un Docobas, réfléchissons à une régie municipale agricole et nous aurons l'an prochain une cuisine municipale. Le nouvel abattoir permettra de développer et d'asseoir ces projets", reprend Jean-Christophe Angelini, sous sa casquette de maire de Porto-Vecchio.

"L'abattoir est le premier maillon du projet alimentaire"

Le futur abattoir sera situé à quelques centaines de mètres de l'actuel, "pour des raisons également pratiques : un abattoir doit se situer près d'une station d'épuration, comme celle qui se trouve accolée à l'abattoir actuel. Cette dernière va être rénovée et pourra donc accueillir aussi les déchets du nouvel abattoir, avec une certaine baisse des nuisances olfactives", poursuit l'édile porto-vecchiais. Le chiffrage du futur abattoir n'est pas encore déterminé précisément.
Un premier montant de 4,5 M€ avait été avancé en 2021, et il devra "être revu à la hausse, en raison du coût des matériaux ayant fortement augmenté", précise le Smac.
"L'abattoir est le premier maillon du projet alimentaire. C'est aussi important qu'un port ou un aéroport. Le Smac est responsable de la sécurité alimentaire humaine, d'un souci environnemental et du bien-être des salariés. Le schéma territorial montre aussi que l'on est dans une réflexion de fond sur l'évolution des outils pour mailler le territoire", conclut Paul-Jo Caïtucoli.

En chiffres

317

C'est le nombre de tonnes équivalent carcasse (TEC) traité en 2023 par l'abattoir de Porto-Vecchio. En 2022, il était de 339 TEC.

4,5 M€

C'est le montant de l'investissement chiffré en 2021, qui sera probablement revu à la hausse.

3 %

C'est la proportion de porcins corses abattus pour le moment à Porto-Vecchio, essentiellement des porcelets. Ce chiffre monte à 20 % pour les bovins, 11 % pour les caprins et 19 % pour les ovins, selon les chiffres du schéma territorial d'abattage présenté en décembre dernier.

 
 
 

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